C’est au Grand Théâtre de Bordeaux que s’est ouverte la deuxième édition des Sociétales. C’est dans un lieu fantastique que femmes et hommes sont venus questionner l’état des lieux des droits des femmes. Les thèmes de l’égalité, de la mixité, du harcèlement, de l’éducation ont été largement abordés.
La compagnie bordelaise En Aparté a tout d’abord accueilli le public en les immergeant dans le thème de la surexposition du corps dans notre société. Par des gestes et attitudes explicites, la proposition artistique a entamé le débat autour du genre, de l’hypersexualisation des femmes et de leur considération dans la société de consommation.
Après cette entame Marik Fetouh, adjoint au maire en charge de l’égalité et de la citoyenneté a introduit cette soirée rappelant quelques faits et chiffres : « le genre est la 2ème cause de discrimination selon l’étude menée sur la métropole par l’Observatoire bordelais de l’égalité. » Des transports à l’emploi, en passant par l’école, les discriminations qui en découlent sont encore trop présentes. C’est ainsi que les intervenantes ont été invitées à expliciter ces faits en s’appuyant sur leurs études menées.
Laetitia César-Franquet est docteure en sociologie, spécialiste des violences de genre et conseillère au Conseil économique, social et environnemental régional. La chercheuse a pris la Mairie de Bordeaux comme sujet d’étude en s’intéressant à l’égalité professionnelle entre les hommes et femmes. « Si la mixité s’accroît, le PIB par habitant en fait autant » rappelle-t-elle. Elle a expliqué toute la difficulté de passer ce « plafond de verre » pour certaines femmes agents de catégorie C, du peu d’hommes ayant pris un congés parental l’année passée et sur la stigmatisation du genre qui se perpétue quotidiennement. Ces faits étudiés à Bordeaux sont également remarqués dans certaines entreprises, même si peu d’entre elles font le premier pas vers une étude approfondie de leur environnement interne.
Arrêter les blagues sexistes au boulot. Les petits noms. Les situations humiliantes pour les victimes. Harcèlement masqué. #Societales
— Triple C (@ComAstucieuse) 7 mars 2016
Culpabilité, sentiment d'impuissance. De la difficulté à demander un aménagement de temps de travail #societales
— Social Bucket (@thesocialbucket) 7 mars 2016
Ces inégalités relevées sont également abordées par Johanna Dagorn, docteure en sciences de l’éducation et sociologue, coordinatrice régionale du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles et chercheuse à l’Observatoire européen de la violence à l’école. Elle a étudié le harcèlement et plus spécifiquement celui opérant dans les transports. Faisant écho à la campagne du gouvernement, Johanna Dagorn insiste sur une différenciation inexistante : « le harcèlement sexuel est reconnu mais pas le harcèlement sexiste ».
Johanna Dagorn :le pb du #harcèlement – Il faut deconstruitre les idées reçues "Les costards cravate sont redoutables" #Societales
— Laura Khassouf (@LauraKhassouf) 7 mars 2016
"Les cadres en costards-cravates des trains Bordeaux-Paris sont vraiment insistants..!" Anecdote de Johanna Dagorn #Societales
— Laura Bo (@lbeaubois) 7 mars 2016
Johanna Dagorn insiste sur le fait qu’aujourd’hui, on éduque les jeunes filles en leur disant de faire attention dans la rue : « la femme n’est pas une passante comme les autres mais une proie », rappelle-t-elle. La chercheuse relate aussi tous ces chiffres autour du viol en France, ce qui transparaître dans la récente étude autour des représentations sur les violences sexuelles.
Et que ce passerait-il si nous inversions les rôles ? Intermède vidéo avec « Vie de meuf » qui dénonce le quotidien sexiste que rencontre les femmes.
D’autres chiffres sur le sujet ?
A Bordeaux seules 8% des femmes interrogées de 31 à 40 ans n'ont pas été confrontées à discriminations dans transports #societales
— Eloi (@eloichoplin) 7 mars 2016
"Il ne s'agit que de 10% des hommes qui enquiquinent toute la population masculine. C'est dommage" termine Johanna Dagorn. #Societales
— Bordeaux Féminin (@BordeauxFeminin) 7 mars 2016
Enfin, Roa’a Gharaibeh, docteure en sociologie, auteure d’une thèse sur le féminisme dans les sociétés arabes a clôturé cette soirée en abordant la question du féminisme musulman. « Il y a 18 confessions dans lesquelles la femme est considérée différemment. C’est donc qu’il n’y a pas un seul islam », rappelle-t-elle.
Intervention de Roa'a Gharaibeh sur le #feminisme musulman à l'occasion des #Societales de #Bordeaux pic.twitter.com/Q4kT1weXAD
— Pauline (@Pauline__Denis) 7 mars 2016
Roa’a Gharaibeh explique que l’interprétation première de l’islam prônait l’égalité entre les hommes et les femmes. Puis, il y a eu une instrumentalisation des textes pour arriver à la situation actuelle.
"Le voile n'est pas obligatoire pour la femme. Il s'agit d'un précepte patriarcal. Point." R. Gharaibeh #Societales pic.twitter.com/r0wR9wALL6
— Bordeaux Féminin (@BordeauxFeminin) 7 mars 2016
Le débat s’est terminé par une phase de questions-réponses avec le public, très réactif aux propos, aux faits rapportés et aux situations que certaines ont vécues.
Dans le public : "Pas d'âge ou de tenue responsable dans le harcèlement. Nous sommes harcelées car nous sommes des femmes" #societales
— Laura Bo (@lbeaubois) 7 mars 2016
Mariette Laborde, conseillère municipale déléguée pour les actions éducatives et le numérique dans les écoles et pour l’égalité femmes/hommes a clos cette soirée de débat, ravie de la présence des hommes ce soir, venus soutenir la progression des droits des femmes dans notre société.
"L'égalité femme-homme passe par l'action des hommes ! Et il y en a pleins ce soir, nous sommes ravis" @MarietteLaborde #Societales
— Bordeaux Féminin (@BordeauxFeminin) 7 mars 2016
Les interviews sont à retrouver sur la playlist des Sociétales.
> Retrouvez le récit collaboratif de la soirée. <
Et vous, qu'en pensez-vous ? Rendez-vous dès maintenant sur le fil #Sociétales !